Pour bien comprendre notre début de journée je vous donne une information sur notre souper d'hier dégusté dans un petit bistro, tout près de notre appartement. Nous étions fatigués, ne voulions pas manger trop lourd, mais sans avoir le goût de chercher notre endroit. Juste à deux pas, ils offraient à la table du soir: des souris d'agneau (ce sont des jarrets) mijotés avec légumes et frites maison. Pas vraiment léger. Qu'à cela ne tienne... un souper de marcheur! On a pris ça. Délicieux.
Mercredi matin.
Nous nous sommes rėveillés à 8 heures, reposés, nos fenêtres grandes ouvertes sur les toits de Paris et le soleil. Les oiseaux chantaient.
Jean: Ils sont quand même bien élevés les oiseaux de Paris je trouve! Tu nous vois gérer des oiseaux qui entrent dans l'appartement et chient partout?
Je me suis mise à rire... Un peu plus tard, toujours au lit, Jean s'informe tendrement:
- Alors mon ti-minou, tu l'as bien digérée ta souris?
Encore un irrépressible fou rire. Le ton de la journée était donné!
On a rendez-vous avec Martin à 10h30 à la Cité Universitaire. Martin est déjà dehors, avec son sac à roulettes pour faire ses courses, tout un plan d'action en tête. L'entente étant de partager un peu son quotidien et de prendre le repas du midi chez lui.
On passe par le parc Monsouris ( je l'ai pas fait exprès je le jure, aucun rapport avec le souper d'hier) pour se rendre au marché. Martin y fait souvent son jogging. C'est très très joli.
"Je dois d'abord m'arrêter à la bibliothèque" dit Martin en s'excusant. On se demande bien pourquoi. Nous on aime tout faire. Mais Martin a un horaire plus planifié que le nôtre. Par exemple conférence ce soir, souper avec des collègues. Bon, revenons à la bibliothèque, dont Jean remarque le nom peu commun:
- Ça jette un froid sur le lecteur! dit-il à Martin.
Moi je me bidonne derrière.
Je dois aussi passer à l'épicerie avant le marché dit Martin toujours en s'excusant.
-Ne te gêne pas dit Jean. Prends tout notre temps!
- Il me fait toujours rire! Dis-je à Martin, et ce dernier de répondre avec humour:
- Ça augure bien pour les trente prochaines années!
Que Dieu l'entende! Amen!
Martin se glisse avec aisance dans la foule au milieu des marchands et clients, avec leur chien bien souvent. Jean suit tant bien que mal avec le cabas. Martin a choisi ses commerçants préférés qui le lui rendent bien. Les conversation s'engagent. Des légumes pour faire une soupe?
Qu'à celà ne tienne. La marchande sort tout ce qu'elle trouve de meilleur pour mettre dans la soupe. Parlant de ses carottes fraîchement cueillies, elle dit:
- Vous savez vous pouvez mettre les feuilles aussi dans votre soupe, elles sont toutes fraîches.
Un débat s'ensuit entre deux commerçantes du même kiosque. L'une est d'accord, l'autre pas. Elles s'approchent chacune leur tour de Martin pour dire, sotto voce, faites ça, faites pas ça.
- Vraiment? Interroge Martin en prenant à témoin les deux vieilles dames qui attendent en s'impliquant dans l'échange. Qu'est ce que vous en pensez, dit Martin, vous croyez que ça va être bon?
- Ah non! dit la dame. J'ai déjà fait ça et j'ai pas aimé du tout.
- Ah mais si, insiste la marchande, c'est très bon! En mettant obligeamment une botte de persil, cadeau de la maison, dans le paquet.
Et ça continue comme ça pendant un moment. La marchande me dit que Martin vient souvent la voir. Et les deux vieilles dames de surenchérir:
- Et ce qui est bien, c'est qu'il a gardé son accent!
Martin voudrait bien que Jean choisisse les épinards, question d'efficacité.
- Ah non, dit Jean qui trimballe les paquets. Je veux bien faire le mulet mais ça s'arrête là.
On passe au comptoir des fromages. Et là une autre aventure commence.
La fromagère aux bonnes joues rondes aime visiblement ses produits. Sa fille a les mêmes joues et les mêmes traits et a suivi des cours dans le domaine.
- J'aime tellement le fromage me dit-elle les yeux brillants!
Le mari s'implique mais sert les autres clients. Les deux dames ont visiblement décidé de donner un cours au sympathique jeune Québécois qui vient souvent les voir. Et là, ça dure un moment parce que pour un seul fromage on remonte jusqu'à la vache. La fromagère va sur internet pour nous montrer la bête qui dit-elle a la même couleur de manteau que le polar de Jean! En effet!
Cette bonne bête, donc, la Salers vit en Auvergne et passe l'hiver dans l'ėtable. Ça donne le Cantal. Mais au printemps on relaxe l'animal dans les prés verts et le lait change de goût, le fromage devient jaune, et on fait l'extraordinaire fromage qu'on goûte avec délice en souriant et dont j'oublie le nom. J'ai honte! Je demanderai à Martin.
J'étais gênée de prendre des photos... dommage, elles avaient de bonnes bouilles ces fromagères.
Reste la charcuterie-boulangerie dit Martin.
Jean qui surveille les paquets nous regarde par la fenêtre, mais il va entrer, rassurez-vous.
J'ai demandé la permission de prendre quelques clichés.
Martin voudrait de la quiche au boudin noir.... Dans laquelle il y des pommes et autres bonnes choses! Il n'en reste plus. Heureusement dit Jean!
Mais malheureusement il reste un PIED de porc pané que Martin achète tout de suite. Notre fils tient absolument à nous sortir des sentiers battus et s'en amuse énormément. Attendrissant! Mais les quiches et pâtés sur lesquels on a mis la "patte" nous semblent très bon. Dans le rayon des desserts, c'est exceptionnel selon notre guide et on le croit sans peine. Rien qu'à voir, on voit ben!
On finit notre tournée, chez le caviste. Et rebelote!
La description des vins est très colorée. Il y a ceux avec une note de framboises, ou de petits fruits sauvages etc., mais dans un même vin, il y a différentes touches de saveur, dans chaque gorgée. Un des produits évolue sur un goût de fourrure (sic) pour terminer sur une finale de cuir. Nous n'avons pas choisi celui-là. Le cuir on veut bien, mais autant que le poil soit enlevé dessus. En tout cas, l'enthousiasme aidant, on a choisi pour ce dîner un bien grand vin blanc qui coûterait dans les soixante dollars au Québec. Ici c'est la moitié. Merci à Marie-Andrée qui a fait un cadeau à Martin pour cette occasion.
On arrive à la maison du Canada où Martin habite. Remarquez le mulet qui porte les paquets et dont le manteau s'apparente à celui de la vache.
Il faut bien défaire les emplettes. Jean et moi hachons les légumes pendant que Martin démarre ce qu'il appelle sa soupe hebdomadaire. Le chaudron n'étant pas très grand, on le remplit à ras bord de légumes. Un peu de bouillon et hop, on obtient quelque chose qui sent bon mais que je suggère de nommer plus justement "potée de légumes".
- C'est facile en rentrant le soir de manger sa ration de vitamines avec un peu de fromage et une petite viande, dit Martin.
Je veux offrir un plus grand chaudron à Martin qui refuse. Le prochain appartement où il ira habiter (la cité universitaire est obligatoirement une mesure temporaire) aura sans doute une cuve à laver la vaisselle plus petite que le chaudron lui-même et pas de place pour le ranger. "C'est ça être parisien, on voit bien que tu ne connais pas les appartements à Paris."
Notre vin blanc, un Baune Marconnets, est divin! Tout le monde est en joie et savoure, même la novice que je suis.
L'appartement de Martin est grand! Selon les standards. Je suis au fond pour prendre la photo! Les garde-robes, oublie ça! Avant l'étalage de nos emplettes, tout était fort bien rangé.
Le fameux pied de porc! Eh bien! On pourra dire qu'on en aura mangé. Une sorte de gélatine finalement. J'ai dit bienveillamment à Martin:
- Ça doit être bon pour les ongles et les cheveux.
Tout le reste était divin, soyez rassurés.
Une mention spéciale pour les pruneaux au vin, préparés par Martin, et qui marinent depuis quelques semaines. Jean est conquis et moi aussi.
En sortant, la cité universitaire était bloquée par des CRS et des manifestants qui en avaient marre de quelque chose... Nous avons fait le tour du parc et trouvé une autre porte.
L'heure de pointe près de l'Hôtel-de-ville dans le marais. Y a du monde!
Sur la rue "roi de Sicile" je cherche un petit chapeau qu'une dame portait à Giverny. Un adorable petit chapeau s'apparentant aux bonnets africains ou au béret crocheté. Difficile à décrire, mais un coup de cœur pour moi. La gentille dame m'a dit "je l'ai acheté dans le marais sur la rue "roi de Sicile".
Je ne l'ai jamais trouvé! Enfin, la rue oui, le chapeau non.
Et en plein milieu on tombe sur la foire annuelle de la diversité qui dure 10 jours. On nous explique qu'il s'agit de la diversité des productions artisanales. Ce sont tous des artisans qui vendent leurs produits alimentaires et autres.
Jean magasine ses cadeaux!
Finalement on mange japonais et on rentre à pied!
Une bien belle journée.
Voici en prime un petit vidéo sur la mise en herbe des vaches Salers au printemps 2012!
Il y a une petite parenté d'esprit avec Pinso qui dėcouvre son parc au printemps.
http://www.dailymotion.com/video/xq45a4_mise-en-herbe-2012-des-vaches-salers-a-l-elevage-vincent-pescher-earl-en-livradois_animals#.UZ5W6MsaySM