lundi 26 mai 2014

Aujourd'hui c'est Yerres, demain on verra...

C'est samedi, on navigotte! C'est Jean qui a trouvé le charmant titre de l'article avant même que je l'écrive. Il faut dire que le nom de cette ville se prononce exactement comme le mot "hier" avec la même insistance sur le "i".

Donc pourquoi aller à Yerres"? C'est une petite ville où on peut se rendre en train et qui, comme le font Auvers-sur-Oise et Giverny, nous parlera d'un peintre impressionniste qui y a habité. En ce moment se tient une exposition temporaire des œuvres de Caillebotte.

La grosse question du matin: comment s'habiller? On a ce qu'il faut pour faire face à tout, mais on ne tient pas à tout emporter avec soi. Il y a possibilité de pluie, aussi de soleil, on pense que ça se réchauffera. Je vous le dis tout de suite, ça sera réglé: j'ai gelé toute la journée en pensant à mon petit duvet resté à l'appart. Si je n'ai pas attrapé la crève, c'est que je l'avais déjà. Et Martine m'avait donné des médicaments homéopathiques le matin. Il semble que si on a la foi, ça marche. Je n'ai pas du tout la foi. Mais j'ai pris mes granules.
Nous voici donc tout guillerets dans le métro bondé. On va jusqu'à la gare de Lyon, je veux m'assoir alors je navigue vers les bancs qui tôt ou tard se libéreront. Le métro prend de la vitesse, amorce une courbe et et je tombe assise sur un digne monsieur occupé au téléphone. J'essaie de me relever en m'excusant mais la force centripète du train qui tourne me fait me rasseoir sur le monsieur. J'entends le brave homme dire à son interlocuteur téléphonique:
- Bon je te laisse, il y a une dame qui vient de s'asseoir sur mes genoux.
Je m'excuse, je m'excuse, je m'excuse. Et Jean dit que j'ai pris la couleur de mon imperméable (si vous en avez oublié la couleur c'est que vous n'êtes pas attentifs aux photos). Quelqu'un me laisse aimablement sa place en face de ma nouvelle conquête et nous sommes la distraction du jour de tous les passagers autour. Le brave homme me dit, "ne vous en faites pas madame, tout le plaisir fut pour moi."
Jean est venu me rejoindre et puisque tous s'amusent je réponds sur le même ton:
- Ah, je n'ai pas détesté cela non plus!
Un banc se libère juste de l'autre côté de l'allée pour Jean. Le train est bondé, je dis pourtant à l'aimable monsieur:
- Enfin seuls!
Jean rigole et une autre dame aux cheveux blancs sourit largement. Arrive alors un autre monsieur qui veut se glisser à côté de moi. Mais il s'enfarge dans les jambes d'un grand noir qui dort profondément, et il tombe sur mes genoux à son tour. C'est le délire.
Pour finir, lorsqu'on sort enfin du métro, la dame aux cheveux blancs me dit:
- Bonne chance dans vos conquêtes, madame!
Nous voici à la gare et c'est une aventure en soi que de prendre le train. On trouve d'abord le quai, c'est relativement facile mais il passe plusieurs trains sur la même rame. Il faut prendre le bon. Ils ont des petits noms ces trains dans le genre: Naco, Zaco, Gamu, Kumo. Je vous jure, et si on n'est pas au courant on est foutus. Mais nous nous amusons bien et on a tout notre temps pour trouver le "code secret des trains".
Enfin assis dans le wagon! En face de moi une dame me sourit obligeamment, à sa droite son fils étude sa chimie, et de l'autre côté de l'allée, le père se penche tout le long du trajet pour ne rien manquer des conversations qui s'engagent. Il est question bien entendu du charmant accent des Québécois, de la retraite du professeur de chimie, de la neige au Québec, des voyages, et on parle et on s'amuse. Les conversations vont bon train (hihihi) mais soudain la dame me dit:
- C'est hier, là, madame!
Je me penche vers elle: "Pardon? Je ne vous ai pas bien entendue!"
- J'ai dit c'est hier madame! répète-t-elle plus fort.
Et devant mon air ahuri, elle répète:
- Vous allez bien à Yerres, non?
EURÉKA! Je bondis, le train entre en gare. Je remercie. Mais Jean me calme en disant:
- Attends tout de même qu'il s'arrête, le train!
Dès la sortie du wagon, la maison Caillebotte est annoncée. "Suivez les clous" nous dit une pancarte. 
On a une bonne marche à faire mais c'est clair on suit les clous qui sont eux-mêmes frappés du sceau Caillebotte. Pas moyen de les déplacer comme les cailloux du petit poucet. On y va de bon coeur. Chemin faisant, on voit une boutique de cuisine dans laquelle on entre:
- Madame, je cherche quelque chose de spécial. J'ai vu dans un restaurant un sac de plastique transparent et épais dans lequel on met de l'eau, de la glace et la bouteille de vin à boire. C'est joli et facile à transporter dans les bagages.
- Ah, je vois ce que vous voulez dire, je n'en vends pas et j'ignore où vous pourriez en trouver mais j'en ai un à la maison qu'on m'a offert en promotion. Si vous revenez avant 19 heures j'aurai eu le temps d'aller le chercher et je vous le donne! Elle fait fi de nos protestations et insiste tout en parlant du charme des Québécois. "Si, si, je vous l'offre".
Nous sommes évidemment revenus le chercher en fin de journée. Gentille Française!
Parlons maintenant de Caillebotte. La propriété couvre 11 hectares et comprend beaucoup de bâtiments que je ne vous nommerai pas tous.

Les jardins sont magnifiques Il ferait bon s'y promener si ce n'était cru et froid. Lorsqu'on s'arrête manger une petite quiche au saumon et brocoli dans ce casse-croûte du domaine, (où tous se sont réfugiés à l'intérieur) Jean me fait remarquer:
- Ça ne mordait pas à la pêche aujourd'hui!
En effet il n'y a que des oeufs et du brocoli dans la quiche au saumon.

Il y a aussi une brave Française qui restera enfermée dans les toilettes et pour laquelle j'irai chercher du secours. Quand enfin elle ressortira de là toute ébouriffée et indignée j'aurai droit à toute l'éloquence dont elle est capable sur cette mésaventure qui n'aurait pas dû lui arriver à elle. "C'est pas possible, ça!"

Revenons-en à Caillebotte, le peintre. C'est pour ça qu'on est là. Sa famille est riche et il a 12 ans lorsque son père achète le domaine. Le jeune homme fait des études de droit et va au Beaux-Arts. Tout au long de sa vie lui seront épargnés les soucis et tracas qu'aura connus Van Gogh par exemple. Même que Caillebotte jouera un rôle de mécène auprès de ses amis artistes dont il achète plusieurs tableaux. L'exposition qui lui est consacrée est fort belle (photos interdites mais j'en ai pris une sur le net, que vous voyez ici et qui était exposée). Ce sont des oeuvres en rapport avec Yerres, puisque le peintre y a peint de nombreuses toiles.

Monet, Renoir et Caillebotte sont amis, ils se reçoivent, font des pique-niques ensemble et comparent leurs jardins. La belle vie d'artiste quoi.





Je suis fortement impressionnée par les jardins où les légumes et autres plantations sont identifiés par des tableaux peints sur gros panneaux de bois. Génial! Pas mal plus évident et clair que nos petites plaquettes de plastique. Les amis, il faut qu'on s'y mette.

PAUSE

La suite dans un article suivant.

3 commentaires:

  1. C'est ton oeil d'artiste qui a photographié les fleurs de la même couleur que la casquette de Jean. Génial. Un clin d'oeil à la Roger.

    Ton aventure dans le métro (c'est une vraie aventure, tu l'as revu plus tard en cachette, le monsieur sur les genoux duquel tu t'es assise ?) et avec la dame qui te donne son porte-bouteille ne m'étonnent pas. Au cours de mes quelques voyages en France, quand il m'arrivait une petite mésaventure, j'ai été frappée par la gentillesse générale des Français que j'ai rencontrés. Et ça vaut aussi pour les gens de Paris. Peut-être que ça dépend aussi de nous.

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  2. Moi, c'est la dame dans les toilettes qui m'a fait pouffer car j'ai eu l'image de Michelle elle-même enfermée dans des toilettes (elle avait 19 ans?) lors d'un party chez des amis en fin de session.
    Elle y fut du début du party jusqu'à la fin car les gars sur place malgré des tournevis et autres outils n'y sont parvenus qu'aux petites heures ne voulant sans doute pas perdre le plaisir du party!
    Michelle doit raconter elle-même cette histoire cocasse, j'en ris toujours au souvenir ou à l'évocation!

    ma.a.

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    1. J'avais tout au plus 18 ans, je crois même 17. Et c'est le gars qui m'accompagnait qui est resté enfermé dans les toilettes une grande partie de la soirée. Moi je regardais les autres démonter la porte. Et pour se rendre à la fête il s'était mélangé dans les routes. Si bien qu'on a été, soit dans la voiture à ne pas dire un mot, soit séparés par une porte de toilette. Je ne me souviens pas d'avoir vraiment parlé avec ce gars là.

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