vendredi 23 mai 2014

Le but du Canadien

Jeudi, rendez-vous chez Martin à 5 h. On y va, moi avec ma toux, mes sueurs d'enrhumée, et une inaltérable bonne humeur, Jean avec son sourire de toutes ses dents!!!! (Le collage tient le coup.)

On y boira un Sancerre, à la couleur et au goût mémorables. En tout cas pour nous trois. Le caviste de Martin s'appelle quelque chose comme "le caviste du Panthéon". En tout cas, il lui fait toujours d'heureuses surprises, semble-t-il. Si quelqu'un veut que je vérifie le nom, dites-le moi.

En entrée Martin nous servira de la "burrata" que lui-même a découverte lors d'un séjour à Rome. C'est un fromage italien, avec un cœur crémeux un peu comme les excellentes mozzarella, mais encore mieux. Sur des petites tomates variées du marché, un peu de poivre frais moulu, une touche de sel et un trait de bonne huile d'olive. Divin!

Mon fils m'a fait trancher les tomates et plus tard les poireaux tout en me surveillant comme le grand "chef" surveille le petit nouveau qu'on vient d'introduire dans la brigade.
- Oui, Chef!
C'est comme ça que je me sentais. Et on s'en amusait tous beaucoup. Le cabillaud et la tombée de poireaux étaient excellents. Les petites pâtisseries aussi.

Pas question de trop s'attarder, nous avons pour mission d'aller visiter un apart à louer et son quartier, le 19ème arrondissement (Martin envisage de quitter la Cité Universitaire), et ensuite de chronométrer le trajet vers St-Denis, le lieu de travail du Professeur. Grosse soirée!

Mais tout en se préparant à partir, il n'est pas interdit de parler:
- Dis-moi Martin, ta lessive tu la fais où? demande la maman en sortant de la salle de bain.
- Mais ici maman. Je lave tout à la main!
- QUOI? T'es pas sérieux!
- Ben oui, petit à petit, un peu tous les jours, dans l'évier de salle de bain! Tu as vu mes cristaux pour la lessive? Je suis expert en utilisation du Zéro, pour laver.
Jean et moi sommes effarés, sidérés, j'insiste:
- Il n'y a pas de salle de lavage dans ton Pavillon? Dans la Cité?
- Non. On est en France ici maman.
- Mais il doit bien y avoir un "laundromat", une laverie quelque part!
- Ah si, mais c'est loin!
- Quand je pense que j'ai une laveuse à mon apart, se désole la mère. Tu aimerais que je te fasse un peu de lavage Martin?
- Ah tu ferais ça maman? J'en ai pas mal d'accumulé, dit Martin, j'ai pris du retard. Ça m'aiderait beaucoup.
- Évidemment, répondent Jean et Michelle en cœur. (Je me vois dans ma tête faire un énorme lavage dans ma laveuse jouet et étendre les choses un peu partout.) On est venus en voyage pour Martin après tout.
Martin sort son caba à roulettes et commence à le remplir de linge sale avec une bonne humeur contagieuse.
- Je peux mettre les draps aussi, maman?
- Évidemment! (Mais où vais-je bien pouvoir étendre ces draps? On verra bien! Répond mon inconscient avec un geste de la main comme si on chassait un mouche importune).
- On peut traîner le caba avec nous, si tu veux éviter de revenir ici chercher le linge en soirée. C'est facile, il y a des roulettes, dit-il en faisant la démonstration comme si nous étions des demeurés. On connaît le principe tout de même.
- Ah non, on ne va quand même pas trimballer ce machin partout dans le métro et le 19ème arrondissement pendant la visite. On reviendra ce soir! Jean est d'accord, on va revenir le chercher.

Et voilà notre champion du Canadien qui se met à rire de nous avec cœur et fierté.
- J'ai compté un autre but! J'ai fait mon quatrième point. Ah je suis content! "Tu sais bien maman qu'on a des laveuses ici! Et des sécheuses aussi.
Et il rigole, et il rigole avec un tel bonheur. C'est contagieux!
"Maintenant il faut que je trouve quelque chose de vraiment génial pour mon cinquième but" dit un Martin chargé à bloc." Je vous ai dit que 5 buts est son objectif pour ce voyage-ci!

On a le choix entre se priver du plaisir de le voir ou perdre la face devant tous mes lecteurs.
Je me demande si mon amie Hélène va s'arracher les cheveux en lisant ce récit. Elle qui me prévient toujours contre ma trop grande naïveté. Je dis pour ma défense que Jean aussi s'est fait prendre.

Les photos du jour - vous ne les aurez pas toutes - ce sont des références de visite d'apart pour le "Canadien". Une mère n'a pas de rancune.
Heureusement, le joueur a autre chose à penser. Ici, c'est sans doute le cuisiner qui cogite.

Donc, la soirée a été occupée. Nous sommes rentrés à minuit. Sans le caba à roulettes rempli de lessive à faire!

Pour finir, les logis intéressants sont horriblement chers à Paris. Ne vous plaignez pas, Québécois.

Une dernière petite note. Une personne m'a cédé sa place dans le métro devant mon mari qui commence à s'y habituer et Martin qui m'a regardée d'un œil nouveau. Peut-être en se disant:
Et c'est elle qui voulait faire toute ma lessive!

8 commentaires:

  1. Martin a vraiment l'art d'émousser la bonne attrape; son don hautement professionnel dépasse en adresse la naiveté des plus naifs. Ceci dit pour rassurer l'inquiétée.
    J'ai suivi l'énoncé à la lettre, dans l'esprit et l'attitude de ceux qui s'y sont laissés prendre.

    ma.a.

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  2. AhAh! Je le savais! Dès qu'il a mentionné les draps, je me suis dit ils se font avoir .... Ahahaha! Tordant! Go Martin Go !

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    1. Bon! On voit où vont les allégeances de nos amis.
      On s'attendait à du soutien, voire de la compassion. On s'en souviendra.

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    3. Oups! Le commentaire effacé plus haut est un "doublon" de ma réponse à Louise-Catherine. Une erreur. Et Blogger laisse des traces de ma correction. Ennuyeux! Mais je n'efface pas ce que vous m'écrivez, non.

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  3. Michelle, console-toi : je crois que je me serais fait prendre aussi, au début, mais les draps m'auraient fait douter. Un drap, dans l'évier de la salle de bain ? Naaaan, pas possible.

    J'ai pas hâte de voir le cinquième but.

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    1. Martin visiblement se laissait emporter et se demandait jusqu'où il pourrait aller. Il nous a dit par la suite qu'à la Cité Universitaire on leur fournit des draps propres aux deux semaines.

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